RADIO EDUCATION SIDA
Programme de communication radiophonique en
matière de prévention contre le sida en Afrique
.

L'équipe du RIFOD a organisé une 2ième tournée de reportage dans les régions du Sud-ouest et de la Boucle du Mouhoun: Aventures, rencontres, et animations.

1. Introduction et contexte
2. De l’organisation du projet
3. Actions réalisées
4. Acquis
5. Forces et faiblesses
6. Perspectives

Introduction et contexte

Plus qu’une question de santé publique, le sida est devenu un véritable problème de développement et la pandémie la plus meurtrière. En effet, selon l’ONUSIDA, 42 millions de personnes sont infectées par le virus du sida dans le monde et 5 millions de décès ont été enregistrés en 2002. L’Afrique est le continent le plus affecté par la maladie avec plus de 29,4 millions de séropositifs et plus de 2,4 millions de décès en 2002. Loin devant les guerres le sida est aujourd’hui la deuxième cause des mortalités en Afrique subsaharienne après le paludisme.

Aussi cette propagation du fléau frappe-t-elle toutes les couches sociales. Les jeunes valides des villes et des campagnes sont les plus touchés. La progression du VIH/SIDA et les ravages qu’entraîne le fléau dans les secteurs sociaux sensibles vont annihiler les efforts de développement en cours en Afrique.

C’est pour toutes ces raisons qu’il est aujourd’hui admis par tous que plus qu’un problème de santé publique, le VIH/SIDA est un problème de développement.

Face à cette situation alarmante, des mesures d’urgence ont été prises et des actions concrètes menées pour faire front à l’avancée fulgurante de la maladie. Parmi elles, il y a l’utilisation de la radio comme outils d’information des populations et de formation des acteurs de lutte contre le VIH/SIDA, vu la portée de celle-ci dans nos régions et surtout son influence sur les populations rurales.

Malheureusement, force est de constater que ce médium ne joue pas efficacement son rôle à cause du fort décalage entre un traitement ‘’informatif’’ de la pandémie et la nécessité de développer une véritable éducation à la santé.

Ce décalage est souvent dû au fait que les acteurs de terrain, les institutions nationales et internationales, "connaissent bien les messages qu'ils souhaiteraient diffuser mais ne savent pas comment les exprimer, alors que les médias savent dire les choses, mais n'ont pas toujours des connaissances approfondies sur le thème en question." (in "Radio et lutte contre le sida : le moyen de faire une différence" – Media Action International / ONUSIDA, 1999).

Or, dans le contexte africain caractérisé par une faible pénétration des infrastructures de communication dans les communautés villageoises, la Radio se révèle comme un véritable vecteur d’éducation en matière de développement. C’est aussi le médium le plus proche des populations et le plus écouté. D’où la nécessité de privilégier cet outil dans les activités de prévention contre le VIH/Sida en direction des populations par la production et la diffusion de messages normalisés, efficaces et susceptibles d’amener ces populations à un changement de comportement face au VIH/SIDA.

Dans le souci de renforcer les actions de prévention, RIFOD, une ONG de communication et d’éducation pour le développement, exécute depuis l’an 2002 un programme de communication radiophonique pour la prévention contre le sida en Afrique. Ce programme s’articule autour de 4 axes principaux :

1. la communication radiophonique par la production et la diffusion de messages radiophoniques sur les thématiques du sida en particulier et celles de la santé en général ;

2. la mise en place et la gestion d’une plate-forme multimédia (Site web et CD-ROM) de formation et d’information sur la santé en général et en particulier sur les IST/ VIH/SIDA ;

3. l’éducation par la mise en œuvre d’actions de sensibilisation auprès des groupes sociaux les plus vulnérables ;

4. l’édition de littérature et de plaquettes d’information et de formation sur le VIH/SIDA


Organisation du programme

Le programme est porté par la coordination générale du RIFOD basée à Ouagadougou (Burkina Faso). Deux structures assurent l’exécution du programme :

1. un conseil de production, composé des personnes ressources en matière de lutte contre les IST/VIH/SIDA et des partenaires financiers des projets. Il définit la ligne éditoriale des outils de communication à produire et apporte l’expérience nécessaire autour des actions en les adaptant aux données de terrain.

2. un conseil technique, composé de spécialistes de communication, d’hommes de théâtre, de techniciens audiovisuels, etc. Il assure la réalisation et l’édition des outils conçus (émissions radio, pièces théâtrales, littérature, etc.)

Sur le terrain, les actions sont mises en œuvre avec l’appui de plusieurs associations locales regroupées au sein du réseau les ‘’Points focaux’’. Ces associations ont des compétences spécifiques et connaissent bien les pratiques culturelles des différentes communautés visées.

Actions réalisées

Plusieurs actions ont été exécutées dans la cadre du programme :

I. Première tournée de reportages radio sur la Santé et le Sida en Afrique (Sous région Ouest)

Quinze (15) jours durant, un équipage composé de 3 spécialistes de la radio, à bord d’une NISSAN SUNNY a effectué la traversée de 4 pays (Burkina Faso, Niger, Bénin, et Togo). La mission s’est assigné deux objectifs :

1. recueillir des témoignages vivants auprès des personnes infectées par le VIH/SIDA et les personnes d’accompagnement ;

2. développer une interconnexion entre les médias du Sud pour un échange régulier de programmes et d’informations relatives au VIH/Sida.

Les reportages recueillis ont alimenté la banque de programmes ‘’AFRIQUE SANTE’’ diffusée sur AFRICA N°1 (radio panafricaine captée sur l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest)

Aperçu des émissions produites (AFRIQUE SANTE) :

Reportage Sud (1) : Au Niger avec le Docteur DIALLO Samantha, vice-présidente de l'association "Mieux vivre avec le sida". Au Niger les mentalités ont progressé, on peut aujoud'hui parler de sexualité et de dépistage du sida, par Charlemagne ZANNOU (RIFOD). 00:01:24

00:03:41 Invité (1) : Charlemagne ZANNOU, coordinateur du RIFOD. Il a organisé, pour Afrique Santé, une tournée de reportages au Niger, Bénin et Togo à la rencontre d'Africains infectés et affectés par le sida. Au Niger, parler ouvertement de sexe dans ce pays musulman reste difficile. L'association “Mieux Vivre Avec le Sida“ tente de briser les tabous.

00:00:42 Reportage Sud (2) : Au Bénin, avec Denis d'OLIVERA, fondateur de l'AEV Bénin, Association Espoir et Vie. Le poids des associations reste conséquent et leur action les conduit aujourd'hui sur le terrain juridique, social, et à une alternative au discours "officiel“, par Charlemagne ZANNOU (RIFOD).

00:02:07 Invité (2) : Charlemagne ZANNOU. Au Bénin, les autorités locales s'impliquent maintenant dans la lutte. Face aux idées de mauvais sort et de diable en soi, les personnes atteintes font de l'information pour montrer que l'on peut être porteur du virus et être bien portant.

00:02:33 Invité (3) : Charlemagne ZANNOU. Au Bénin, les jeunes mères séropositives se trouvent confrontées au problème d'alimentation de leurs bébés. Elles n'ont pas les moyens d'acheter du lait maternisé ni de suivre un traitement. A Ouidah, la capitale du Vaudou, il existe une action de prévention qui associe les messages de prévention au culte Vaudou.

00:00:07 Invité (4) : Charlemagne ZANNOU. Les préjugés sont encore présents quant à l'utilisation des préservatifs. Malgré cela, les ventes de préservatifs augmentent, ce qui laisse supposer une utilisation plus importante.00:01:05 Reportage Sud 3 : au Togo avec M. FOLIE, jeune séropositif, membre de l'association AEV Togo. L'acceptation des séropositifs et la démarche de témoignage dans les écoles, par Charlemagne ZANNOU (RIFOD).

00:02:36 Invité (5) : Charlemagne ZANNOU. Au Togo, ce séropositif rencontré va dans les écoles pour informer directement les élèves sur la maladie et le vécu d'un séropositif. De même, il a annoncé sa séropositivité à sa famille qui aujourd'hui le soutient.

00:02:15 Invité (6) : Charlemagne ZANNOU. La confusion existe encore entre séropositif et malade du sida. Un grand nombre de personnes séropositives ne sont pas malades. Cela ne se voit pas. D'où l'importance de faire le test de dépistage pour savoir, et d'employer des moyens de protection pour ne pas le transmettre. Pour les personnes malades, le soutien de leur famille est important et plus généralement un bon moral aide à lutter contre la maladie.

II. Analyse situationnelle du VIH/ SIDA et le rôle des radios dans la sensibilisation dans les régions du sud-ouest et de la boucle du Mouhoun

Cette enquête a été diligentée auprès des radios du sud-ouest et de la boucle du Mouhoun, d’une part et d’autre part auprès des acteurs associatifs de lutte contre le sida dans les mêmes régions.

Elle a permis de se rendre compte du dynamisme de lutte dans les régions concernées et de présenter les initiatives endogènes en réponse à la pandémie du sida. L’emphase est mise sur la participation des radios dans la sensibilisation des populations.

III. Tournée de reportages dans le sud-ouest et de la boucle du Mouhoun

RIFOD a entrepris en 2003, une tournée de reportage a l’intérieur du burkina. Deux régions ont été ciblées par cette tournée financée par la GTZ. Au cours de cette mission, l’équipe de reporters a rencontré des personnes infectées et affectées qui ont rendu des témoignages sur leur situation sociale et les difficultés auxquelles ils font face. Cette tournée a également pour objet, la mise en place d’un partenariat avec les radios des régions parcourues afin de coproduire des émissions. Quinze (15) radios locales (privées, communautaires, et étatiques) ont adhéré à cette initiative. Ainsi, une banque de programmes intitulée ‘’FACE AU SIDA’’ est en cours de constitution. Toutes les radios participeront à l’alimentation de cette banque.

IV. Séminaires de formation sur le thème ‘’Techniques de traitement informatif sur le VIH/SIDA’’.

Deux séminaires de formation ont été organisés au profit des radios sur le thème ‘’Techniques de traitement informatif sur le VIH/SIDA’’. Le premier s’est tenu à Gaoua du 18 au 26 octobre 2003 et à concerner 24 agents de l’information des radios. Quatre stations ont participé à cette formation. Il s’agit de : Radio UNITAS de Diébougou, Radio Evangélique du Sud-ouest, Radio Poura et Radio Gaoua.

Quant au deuxième séminaire, il s’est tenu du 03 au 08 Novembre 2003 à Dédougou et à concerné 05 radios de la région de la boucle du Mouhoun : Radio CEDICOM Fréquence espoir, Radio GASSAN, Radio Echo des Cotonniers, Radio VERATAMOU, Radio TANSSILA.

Plusieurs modules ont été développés à savoir :

- des différents genres radiophoniques ;
- des techniques de la pratique de l’interview ;
- l’écriture radiophonique ;
- de traitements des documents sonores ;
- de la personnalité de l’animateur.

Des équipements numériques de reportage ont été acquis avec le soutien financer de la GTZ pour appuyer les radios partenaires du programme.


Acquis

§ Soutien institutionnel et financier

Le programme est place sous la tutelle du CNLS qui a approuvé les actions initiées par RIFOD. Les actions exécutées dans le sud-ouest et de la boucle du Mouhoun n’auraient pu avoir lieu sans le Soutien et technique et financier de la GTZ. De nombreuses autres associations et ONG ont aussi apporté leur appui méthodologique et technique à la mise en œuvre de la phase I du programme. RIFOD peut compter sur ces structures et bien d’autres pour les actions ultérieures inscrites à la phase II.



§ Renforcement des capacités techniques et organisationnelles

La mise en œuvre de la phase I du programme a permit à RIFOD d’améliorer ses capacités techniques et organisationnelles. Le développement du partenariat avec les autres intervenants dans la lutte contre le sida a permit à l’équipe de coordination du programme de définir de nouvelles approches d’intervention tenant compte de l’expérience et des initiatives réussies des uns et des autres. En outre, les différentes missions effectuées dans les communautés de base ont permit à l’équipe de RIFOD de renforcer son expérience sur la stratégie d’intervention avec les communautés rurales.

Forces et faiblesses

Forces

§ Initiative novatrice

En matière de lutte contre le sida, RIFOD est à ce jour, quasiment la seule association qui met l’accent sur la communication radiophonique par la production de reportages basés sur des témoignages vivants. En Afrique, la radio a une forte pénétration dans les ménages ruraux. C’est le médium le plus proche des populations, car elle a une fonction distractive et socio-éducative. Cet état de fait renforce l’impact des actions du programme auprès du groupe cible.

§ Large adhésion des acteurs institutionnels et privés

L’adhésion spontanée des acteurs institutionnels et privés à ce programme est sans doute un point fort qui garantit la réussite des actions déjà menées. L’implication des organisations locales intervenant dans la lutte contre le sida dans la mise en œuvre des actions de terrain, a en outre facilité la mobilisation des groupes cibles et assuré une large diffusion des émissions et des outils de communication développes ;

Faiblesses et difficultés rencontrées

La conduite de la phase I du programme ne s’est pas faite sans difficultés. Celles-ci sont essentiellement d’ordre matériel et financier. Le sous-équipement du secrétariat de la coordination freine l’exécution normale des différentes activités programmées. L’absence de soutiens financiers de la part des partenaires au développement constitue aussi un obstacle fondamental. Ce sont le ministère français de la santé par l’entremise de l’agence TAMTAM et la GTZ qui ont bien voulu financer la première phase de ce programme. Mais la non reconduction de l’accord de financement des actions de l’agence TAMTAM via le ministère français de la santé a porté un coup dur aux programmes du RIFOD.


Perspectives

Si l’originalité et la pertinence de l’initiative sont reconnues par tous, il n’en demeure pas moins qu’elle souffre encore d’un soutien institutionnel et financier. Afin de consolider les acquis et susciter une large adhésion de tous les acteurs-partenaires (bailleurs, services techniques, radios, communautés de base, etc.). En dépit des difficultés, RIFOD entend continuer dans sa lancée, convaincu que la radio est un vecteur puissant de lutte contre le sida en afrique.

La phase II du programme connaîtra, nous l’espérons, une pleine participation des partenaires financiers et des acteurs de lutte contre le sida.

Par ailleurs, une action de réplication de l’Initiative doit conduire très prochainement la coordination de l’Initiative à installer des antennes et des bureaux de liaisons dans d’autres pays de la sous-région.

 
RIFOD, Ouagadougou, BURKINA FASO, Tél (226) 37 26 67 et 25 03 08